samedi 18 novembre 2017

Impétigo



L’impétigo est une infection cutanée bacté- rienne caractérisée par une pustulose intra- épidermique. Il est dû à Staphylococcus aureus (depuis peu, le plus souvent) ou àStreptococcus pyogenes (groupe A bêta-hémolytique), ces deux germes étant parfois associés. Il s’agit de l’infection cutanée bactérienne la plus fréquente chez l’enfant. Moins fréquent chez l’adulte, il doit faire suspecter une forme secondaire (impétiginisation) et rechercher une dermatose sous-jacente. Sa transmission est interhumaine directe, manuportée. L’auto-inoculation est fréquente.


Diagnostic clinique

La lésion initiale est une vésicule sous-cornée de 2 à 4 mm. Elle laisse rapidement place à une pustule fragile, flasque et fugace. En pratique, le patient se présente souvent alors que la lésion est au stade d’érosion recouverte d’une croûte mélicérique (jaunâtre : « couleur miel ») caractéristique, secondaire à la rupture d’une pustule. Les lésions, souvent multiples, siègent en général près d’un orifice naturel (le plus souvent la bouche et les narines) ou sur le scalp. Leur disposition est parfois linéaire, du fait du rôle du grattage dans l’extension des lésions. Une adénite de voisinage est parfois présente, mais il n’y a pas de fièvre.



L’impétiginisation d’une dermatose (eczéma de contact, dermatite atopique, herpès, gale, pédiculose) se traduit par la survenue de croûtes mélicériques sur des lésions préexistantes.

Diagnostics différentiels

– Varicelle, herpès, zona, dermatophyties, candidoses, gale, pédiculoses.
– Dermatoses bulleuses auto-immunes, toxidermies bulleuses.
– Épidermolyses bulleuses, congénitales ou acquises.
– Eczéma de contact, dermatite atopique. Les complications
– Certaines souches de Staphylococcus aureus (groupe phagique II), productrices d’exfoliatine


(A et B), peuvent provoquer un impétigo bulleux du nourrisson (très contagieux en crèche ou en collectivité) ou un syndrome d’épidermolyse bulleuse aiguë staphylococcique. Ce dernier tableau se manifeste par un érythème diffus, un décollement cutané diffus, «en linge mouillé» (au niveau de la couche granuleuse) et un signe de Nikolsky positif, dans un contexte fébrile. Le décollement est secondaire à l’inactivation de la desmogléine 1 (protéine de liaison interkératinocytaire, constitutive des desmosomes) par l’exfoliatine A, au niveau de la couche granuleuse de l’épiderme.

– Les souches de Streptococcus pyogenes sécrétant la protéine M sont responsables de glomérulonéphrite aiguë post-streptococcique.

Les facteurs favorisants

– Terrain: précarité, immunodéprimés (VIH, transplantés).
– Effraction cutanée: dermatose sous-jacente, lésions de grattage.
– Période estivale: macération, vie en collectivité.

Penser aux mesures non médicamenteuses

– Hygiène : bains quotidiens, lavage des mains, ongles courts.
– Changements fréquents du linge et des vêtements susceptibles d’être souillés.
– Dépistage dans l’entourage, notamment chez l’enfant en collectivité.
– Traitement des gîtes staphylococciques (nez, oreilles, ombilic, anus).
– L’éviction scolaire (ou de la collectivité : centre aéré…) se discute en cas de lésions profuses ou en zone anatomique découverte.

Traiter par voie locale et (ou) générale

– Le traitement local, antistaphylococcique et antistreptococcique, doit être proposé dans les formes les plus limitées (quelques lésions); antibiotiques locaux en pommade ou en crème: mupirocine (efficace sur 68 % des Staphylococcus aureus méticilline-résistants) ou acide fusidique.

– L’antibiothérapie générale (per os), prescrite 7 à 10 jours, est réservée aux formes plus étendues, avec des signes généraux ou sur un terrain débilité. Elle est choisie parmi les options suivantes (posologies pour l’enfant):

• pénicillines M : cloxacilline (25-50 mg/kg/j);
• céphalosporines de 2e génération : céfuroxime (20 mg/kg/j au-delà de 6 ans);
• macrolides : josamycine (50 mg/kg/j) ou clarithromycine (15 mg/kg/j);
• synergistine: pristinamycine (50 mg/kg/j).

– Si échec après 7 jours de traitement : suspecter une non-observance ou une souche résistante et faire des prélèvements bactériologiques (antibiogramme).
– Traiter la dermatose sous-jacente (en cas d’impétiginisation).
– Dépistage et prévention dans l’entourage.




LA REVUE DU PRAT IC IEN - M É DECINE G É N É RALE. TOME 20. N ° 738/739 DU 27 JUIN 2006

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